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- 001- Notre Curé nous parle. -

Publié par Paroisse de la Nativité


Printemps 2024

« La signification pastorale des bénédictions »


Nul n'est autosuffisant : plus nous progressons dans la vie, plus nous nous en rendons compte ! La vie nous pousse à nous ouvrir aux autres et à nous appuyer pas seulement sur nos propres forces. Nous faisons l'expérience que la vie grandit, se déploie et devient féconde dans l'échange fraternel fait d'accueils, de demandes, de dons, d'appuis mutuels... Plus profondément encore, il est des domaines où nous ne parvenons pas à avoir une vie entièrement bonne par nous-mêmes. Nous pouvons reconnaître ainsi les limites de notre humanité et l'aspiration à un Salut qui ne peut être reçu que du Tout-Autre.
Demander humblement la bénédiction de Dieu est alors un geste beau et grand, inscrit dans la foi et la piété du peuple de Dieu, et que valorise la Déclaration Fiducia supplicans* : « Lorsqu'on demande une bénédiction, il s'agit d'une demande d'aide adressée à Dieu, d'une prière pour pouvoir vivre mieux, d'une confiance en un Père qui peut nous aider à vivre mieux... Les personnes qui viennent spontanément demander une bénédiction manifestent par cette demande leur ouverture sincère à la transcendance, la confiance de leur cœur qui ne s'appuie pas uniquement sur leurs propres forces, leur besoin de Dieu et leur désir de sortir de l'étroitesse de ce monde refermé sur lui-même. » (n°21).
La tradition de l’Église reconnaît et valorise non seulement les actes liturgiques ritualisés au fil des siècles comme les sacrements, mais aussi ces gestes spontanés de foi et de piété, comme les démarches de bénédictions, portés par la foi simple du peuple de Dieu qui ouvre son cœur à Dieu. « Ces formes de bénédiction expriment une supplication à Dieu pour qu'il accorde les aides qui proviennent des impulsions de son Esprit afin que les relations humaines puissent mûrir et grandir dans la fidélité au message de l’Évangile, se libérer de leurs imperfections et de leurs fragilités et s'exprimer dans la dimension toujours plus grande de l'amour divin. » (n°31).
Les pasteurs sont encouragés à accueillir fraternellement, écouter, entendre le désir de bénédiction d'un frère ou d'une sœur en humanité et discerner avec cette personne l'attitude vraie, juste et non revendicative pour se tourner ensemble vers le Seigneur et lui demander sa bénédiction. Donner une bénédiction n'est pas valider une situation ni ratifier des actes, mais reconnaître la dignité de chacun et le confier à l'amour de Dieu. « On n'entend pas légitimer quoi que ce soit, mais seulement ouvrir sa vie à Dieu, lui demander son aide pour mieux vivre, et invoquer aussi l'Esprit Saint pour que les valeurs de l’Évangile soient vécues avec une plus grande fidélité. » (n°40).
L’Église est au service de l'amour infini de Dieu. « Dans son mystère d'amour, à travers le Christ, Dieu communique à son Église le pouvoir de bénir... La bénédiction exprime l'étreinte miséricordieuse de Dieu et la maternité de l’Église qui invite les fidèles à avoir les mêmes 
sentiments que Dieu envers leurs frères et sœurs. » (n°19). « Le Père nous aime. Et il ne nous reste que la joie de le bénir et la joie de lui rendre grâce, et d'apprendre de lui à ne pas maudire, mais à bénir. Ainsi, tous les frères et sœurs pourront sentir dans l’Église qu'ils sont toujours des pèlerins, toujours des mendiants, toujours aimés et, malgré tout, toujours bénis. » (n°45).

Père Bernard Sulpis, curé de la paroisse de la Nativité


* Déclaration Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions, Dicastère pour la Doctrine de la foi, 18 décembre 2023.

LES TROIS SENS DE LA BÉNÉDICTION DANS LA BIBLE
Dès l'origine, Dieu bénit sa création. La bénédiction vient de Dieu, auteur de la vie, et de sa libre initiative. Sa finalité est la vie : permettre, garantir et favoriser la vie, sa fécondité et son développement harmonieux (Gn 1,22.28 ; 9,1). Cette bénédiction « descendante » de Dieu sur l'homme est invoquée : « Que le Seigneur te bénisse et te garde. Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il te prenne en grâce. Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix » (Nb 6,24-26).
La bénédiction « ascendante » montant vers Dieu est un acte de reconnaissance envers Dieu source de bénédiction. Elle équivaut à louer, célébrer, remercier Dieu pour sa miséricorde et sa fidélité, pour les merveilles qu'il a créées et tous ses dons : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être » (Ps 103,1).
Les humains peuvent aussi s'adresser la bénédiction les uns aux autres. Melkisédek bénit Abraham (Gn 14,19), Rébecca est bénie par sa famille avant de devenir la femme d'Isaac (Gn 24,60) qui à son tour bénit son fils Jacob (Gn 27,27). Jacob bénit ses douze fils (Gn 49,28).
Dans la Bible, bénir n'a pas le sens du français courant de valider ou d'approuver. La bénédiction est un don gratuit et surabondant lié au projet de vie de Dieu pour l'humanité.                    Bernard Sulpice.

 

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Hiver 2024

Christ, lumière du monde

Les événements du monde nous interrogent et nous bousculent. Peut-on encore espérer ? Quelle lumière trouver pour aujourd'hui ? La guerre entre Israël et le Hamas et le massacre terroriste du 7 octobre nous sidèrent et nous interpellent. Les otages israéliens et les Gazaouis sous les bombes nous rejoignent en même temps. Nous essayons de comprendre, un peu... Un État a le devoir de protéger ses citoyens mais la terreur n'est pas la solution. Mensonge et violence engendrent la violence, nous le voyons à Gaza comme dans « l'opération spéciale » en Ukraine. Ne pouvons-nous pas entendre un appel à mieux prier le Prince de la paix et semer la vérité et la paix autour de nous, refuser tout antisémitisme et islamophobie et faire grandir les liens de fraternité et la compréhension réciproque ?
D'autres événements récents sont porteurs de fraternité et d'espérance pour le monde entier. Cet été, les Journées mondiales de la jeunesse ont rassemblé deux millions de jeunes des cinq continents, y compris de nations en conflit entre elles, et ces jeunes ont fait l'expérience de partager dans la joie recherche spirituelle, écoute mutuelle, prière et fraternité. C'est une expérience fondatrice pour eux et un témoignage d'espérance pour le monde.
Les troisièmes Rencontres de la Méditerranée ont réuni à Marseille des représentants des pays riverains de la Méditerranée qui osent affronter ensemble les grands défis socio-économiques, environnementaux, migratoires et géopolitiques auxquels cet espace est confronté tout en étant dépositaire de nombreuses ressources culturelles, religieuses et humaines. Le pape venu clôturer l'événement a envoyé un message exigeant aux fidèles, les invitant à se décentrer, à laisser de côté les « passions tristes » de la vieille Europe pour se tourner vers les plus pauvres.
Huit ans après l'encyclique Laudato Si', le pape François tire à nouveau la sonnette d'alarme devant l'urgence climatique en publiant l'exhortation apostolique Laudate Deum qui s'élève fermement contre les climato-sceptiques, met en avant l'espérance nécessaire face au changement climatique et exhorte les dirigeants à l'action avant qu'il ne soit trop tard. Il appelle à un changement culturel et attire l'attention sur les actions individuelles et l'importance des « petits gestes ». C'est un texte précieux à l'approche de la COP28.
Après la parole donnée à tout le peuple de Dieu et les rencontres nationales et continentales, la première Assemblée du synode des évêques sur l'avenir de l’Église s'est réunie en octobre. 70 membres sur les 364 n'étaient pas évêques mais avaient tout autant le droit de délibération et de vote. Cette assemblée adresse une Lettre au peuple de Dieu qui note : « Au fil des jours, nous avons entendu l'appel pressant à la conversion pastorale et missionnaire. Car la vocation de l’Église est d'annoncer l’Évangile non pas en se centrant sur elle-même, mais en se mettant au service de l'amour infini dont Dieu aime le monde… Pour progresser dans son discernement, l’Église a absolument besoin de se mettre à l'écoute de tous, en commençant par les plus pauvres... Le monde dans lequel nous vivons, et que nous sommes appelés à aimer et à servir, même dans ses contradictions, exige de l’Église le renforcement des synergies dans tous les domaines de sa mission. C'est précisément le chemin de la synodalité que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire. » Avant même des réformes à décider, c'est la manière de vivre en Église qui est à convertir et qui demande de vaincre des résistance d’abord en chacun de nous.
Ces lueurs d'espérance que nous venons de pointer peuvent être vues comme signes de la présence de Celui que nous contemplons dans l'humilité de la crèche. Il apporte douceur et force de la vérité et du don de soi. La lumière du monde, dont le monde a besoin, c'est Lui !

Père Bernard Sulpis
curé de la paroisse de la Nativité

L'Église, tissu de relations.


En ce dernier dimanche d'août, l'évangile du jour (Mt 16, 13-20) vient rejoindre notre réflexion sur « tisser du lien ». Les disciples de Jésus sont témoins des guérisons, des paraboles, des pains partagés et de la foule rassasiée... et le suivent dans la mission jusqu'à ce jour où Jésus leur demande qui il est pour les gens et pour eux. La première question est de l'ordre de l'information ou du « qu'en dira-t-on », elle n'apporte pas grand chose ; mais la seconde touche à la relation qui a grandi au fil des événements et des jours. Simon prend la parole et ose dire son lien personnel à Jésus : « Tu es le Christ. » Il parle en « tu » et non pas en « il », et Jésus lui répond de la même manière : « Tu es Pierre. » Comme chacun, Jésus et Pierre ont besoin du regard et de la parole de compagnons pour accueillir la place qui est la leur dans le dessein du Père. Chacun est révélé par l'autre.
Et Jésus prolonge sa déclaration à Pierre en jouant sur le mot et en précisant « sur cette pierre je bâtirai mon Église ». C'est là que le mot église entre dans le texte de Matthieu. L’Église est engendrée dans cette reconnaissance réciproque entre Jésus et Simon, qui se révèlent Christ et Pierre. L’Église s'origine dans cette relation, enveloppée dans d'autres relations, en particulier avec les autres disciples, compagnons de route, et avec le Père. Jésus le révèle aussitôt : « Ce n'est pas la chair et le sang (ton humanité) qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » C'est habité par la présence du Père, dans une relation qui prend sa source dans le Dieu vivant, que Simon a pu percevoir ce dont il témoigne et qui le dépasse.
Puis Jésus s’appuie sur cette révélation pour annoncer pour la première fois sa montée à Jérusalem, sa passion et sa résurrection. C'est ainsi le tournant et le centre du récit de saint Matthieu (et de même dans le récit de saint Marc). Cela souligne l'importance de cet échange qui est une clé du récit et du chemin de Jésus avec ses disciples, et pourrait l'être pour nous et notre regard sur le Christ et son Église. L’Église est d'abord relation avec Dieu-Trinité et relation fraternelle entre tous les baptisés dans le Corps du Christ dont le Christ est la tête et nous les membres. Où en sommes-nous de ces relations ? Qu'essayons-nous de vivre ? De promouvoir ?
L'échange entre Jésus et Pierre conduit à une mission : « Je te donnerai les clés du royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Les clés sont celles du royaume des cieux ! Elles ouvrent les communications entre la terre et les cieux, pour lier et délier. Pierre aura à discerner ce qui appartient au Royaume et ce qui contredit l’Évangile. L'expression lier et délier signifie dans la Bible gérer des affaires, administrer. C'est une mission confiée à tous les disciples selon Mt 18,18. Après sa résurrection et son ascension, disparu aux yeux de ses disciples, tout en leur restant présent (« Je suis avec vous tous les jours » Mt 28, 20), Jésus leur confie la charge de poursuivre son œuvre : ce qu'ils accomplissent en son nom est reconnu dans les cieux. Jésus donne vie à une Église où tous sont appelés à se recevoir les uns des autres, à être confirmés dans leur chemin par les rencontres et les échanges, à participer à son œuvre.
Ainsi le pape François prend bien soin de ne pas être considéré comme l’Église à lui tout seul. Il se réfère souvent aux déclarations de ses frères évêques, et avant de les réunir en synodes, il commence par donner la parole à tout le peuple chrétien, ainsi sur la famille et, en ce moment, sur la manière synodale de vivre l’Église et de combattre le cléricalisme. Et nous ? Allons-nous répondre à la question de Jésus ? Participer à ce Corps vivant ? « Vous êtes le Corps du Christ et, chacun pour sa part, vous êtes membres de ce Corps. »

- Chers agriculteurs, , merci et bravo pour votre beau métier !

- Dans ce numéro de Regards et Dialogues tourné plus spécifiquement vers le monde agricole, je voudrais m'adresser à vous, agriculteurs, et vous exprimer ma reconnaissance et ma considération pour votre métier qui est un service du bien commun. En effet, c'est votre travail qui permet à l'humanité de se nourrir et de vivre. Mais aussi, par le soin des prés, des champs, des haies, des ruisseaux, des étangs, des sources... vous entretenez et façonnez notre environnement et nos paysages ! Et ici dans le Brionnais, nous avons la chance de contempler et d'habiter un bocage magnifique, fruit du travail de nombreuses générations de paysans.

Votre métier est aussi coopération à l’œuvre de Dieu, réponse à son invitation à collaborer à la tâche de la création : « Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-là... Je vous donne toutes les herbes portant semence... Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. » (Genèse 1,28-31) Dieu dépose sa création entre les mains de l'homme pour faire fructifier la vie. En bénissant, il exprime sa pure bonté. Il invite ainsi à considérer la terre et la production, à travers votre travail, comme des dons de Dieu pour rassasier l'humanité. Belle vocation ! Grande responsabilité !

L'histoire humaine est marquée par des périodes de famine restées longtemps gravées dans les mémoires. Et encore aujourd'hui des pays souffrent de la faim ! Le XXe siècle a apporté, dans nos régions, un formidable développement et une sécurité alimentaire grâce aux progrès fantastiques de l'agronomie et de la technique et à l'adoption de nouvelles méthodes. On est même passé des pénuries aux quotas.
Mais on a aussi touché les limites du système productiviste avec ses implications que vous vivez : contraintes administratives, critères imposés, pressions bancaires, nécessité d'un lourd endettement, concurrence internationale, difficultés de transmission des exploitations... D'autre part, des crises récentes nous ont rappelé que la santé de la terre, des plantes, des animaux et de l'homme, tout est lié ! Comment tenir ensemble ces différentes dimensions et les priorités qui en découlent ? Notre société est en proie à des tensions autour de ces questions. Des incompréhensions peuvent susciter parfois des paroles et des jugements injustes et blessants à votre égard.

Je fais un souhait : se rencontrer et partager joies, fierté, difficultés, craintes, espoirs... pour se connaître et se comprendre mieux. Est-ce possible entre chrétiens ? Comme je le désirerais pour mieux porter chacun de vous dans mon cœur et ma prière !
Père Bernard Sulpis
Curé de la paroisse de la Nativité

N.B. Un rendez-vous se prépare pour le Charolais-Brionnais dimanche 10 septembre à Oyé.

Foi et fraternité.

La journée de formation proposée aux acteurs de la pastorale du deuil samedi 28 janvier a été une belle rencontre interreligieuse autour du thème : « La mort, quelle espérance ? ». La pastorale du deuil de notre diocèse voulait prendre en compte le fait que les assemblées qui se réunissent dans nos églises pour des funérailles sont aujourd'hui multiculturelles et pluri religieuses. Comment mieux accompagner et annoncer l'espérance chrétienne en ce lieu ? Chaque religion ou confession (bouddhisme, judaïsme, islam, confession orthodoxe, protestante, catholique) apportait son regard sur l'homme, la vie et la mort, sa liturgie, ses rites, ses symboles... J'ai été touché par la grande fraternité humaine qui se dégageait de ce partage et l'humilité bienveillante de chaque intervenant cherchant à dire vrai.

On vivait les mots du pape François au n°198 de Fratelli tutti : « Se rapprocher, s'exprimer, s'écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact, tout cela se résume dans le verbe dialoguer. Pour nous rencontrer et nous entraider, nous avons besoin de dialoguer. Il est inutile de dire à quoi sert le dialogue. Il suffit d'imaginer ce que serait le monde sans ce dialogue patient de tant de personnes généreuses qui ont maintenu unies familles et communautés. Le dialogue persévérant et courageux ne fait pas la une comme les désaccords et les conflits, mais il aide discrètement le monde à mieux vivre, beaucoup plus que nous ne pouvons imaginer. »

Cette expérience et ces mots interpellent et prennent du poids dans le contexte mondial et national : l'invasion insensée de l'Ukraine, les menaces en d'autres régions du monde, les scandales révélés récemment d'hommes ayant eu grande autorité en certains milieux... l'état d'esprit qui veut cacher ou effacer de l'espace public tout signe ou réalité religieuse. Or la loi de 1905 assure l'impartialité de l’État mais aussi la liberté de conscience des citoyens, celle de croire et celle de ne pas croire, et va jusqu'à garantir la liberté de culte en prévoyant des aumôniers dans les armées, hôpitaux, prisons, pensionnats... Depuis quelques années, notre société est en débat passionné et clivant, provoqué par la peur de la radicalisation et des violences d'extrémistes religieux. Cette peur amène à la restriction de la libre expression des convictions dans l'espace public et au confinement des convictions religieuses dans la sphère du privé ou de l'intime.

Un colloque en novembre 2019 autour du thème « Où va la philosophie française ? » s'interroge sur le retour en visibilité des religions sur la scène publique et veut analyser les ressources symboliques et existentielles de l'expérience religieuse. En effet, au fur et à mesure que les connaissances progressent, de nouvelles énigmes ne cessent de croître, exigeant un élargissement du cadre de la réflexion. L'enjeu aujourd'hui n'est plus tant celui d'un dialogue entre foi et raison que d’affronter la crise de la rationalité, la crise du savoir et de la compréhension que nous avons de la réalité. Or les religions recèlent un langage symbolique et des ressources de sens dont la rationalité scientifique est dépourvue et qui sont essentiels à l'humanité. Le retour du religieux est le signe de ce qui manque à nos sociétés centrées sur la consommation, la performance et le spectacle.

Le langage de la foi comme celui de l'amour expriment des réalités qui ne peuvent être établies par des preuves. La foi et l'amour reposent sur la confiance sans laquelle aucune relation ne peut tenir. Il y a un saut de la foi qui n'est pas une faiblesse ni un savoir immature. La vraie foi comme le véritable amour sont des expériences humaines fondamentales. La foi chrétienne est confiance dans le Christ parce qu'il est pour nous le Vivant. Et elle recèle des sources de significations qui font vivre et agir. Pour les chrétiens, dans la liturgie, gestes et paroles sont porteurs d'une signification spirituelle et d'une énergie qui s'actualisent chaque fois que l'action liturgique se renouvelle, parce que le Ressuscité est présent et à l’œuvre parmi nous. Nous le vivons à chaque eucharistie et de manière solennelle à la Veillée pascale.

Père Bernard Sulpis

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Noël et les défis d'aujourd'hui

 

Noël et le passage de Dieu dans nos vies

Chaque année, je suis frappé de voir que Noël touche bien au-delà du cercle des chrétiens et même des croyants. Et je ne parle pas de l'utilisation commerciale ! Noël rejoint l'humanité en son cœur. Noël, c'est Dieu chez nous. Le Tout-Autre chez nous ! Et le Tout-Autre dans la fragilité, dans le plus vulnérable, un nouveau né, à la merci des hommes. Ce mystère de Noël vient nous bousculer dans nos habitudes et nos réflexes sociaux. Et ce n’est jamais facile d’accueillir l’altérité, de nous laisser déplacer. Pourtant cela est vital tant personnellement que communautairement.

 

Le défi de l'énergie

Nous sommes confrontés à une crise énergétique qui touche tout notre pays : les familles, les entreprises, les municipalités, les associations, les paroisses... Le coût de l'énergie a bondi. Dans notre paroisse, nous devons consentir à changer nos habitudes radicalement et pas seulement à chercher à réaliser quelques économies. Le conseil paroissial pour les affaires économiques propose quelques pistes : célébrer les messes de semaine dans la salle paroissiale jusqu’en mars, adopter une sobriété en chauffage, tempérer les églises avant les célébrations, faire plusieurs réunions à la suite dans la même salle, améliorer l’isolation de la salle paroissiale...

 

Un défi écologique et humain

Chercher une sobriété énergétique répond aussi et plus fondamentalement à un défi écologique. Il s’agit d’entendre « le cri de la terre et le cri des pauvres » selon l’appel du pape François. En effet, la consommation démesurée des énergies fossiles, principalement par les pays dits développés dont nous faisons partie, produit une grande quantité de gaz à effet de serre accentuant le réchauffement de la planète, le dérèglement climatique, la fonte des glaces et la montée des eaux submergeant certaines terres. Nous en subissons déjà un peu les conséquences par des événements climatiques plus violents, mais les plus pauvres de l’humanité sont bien plus exposés que nous et se trouvent ainsi les premières victimes du train de vie et des excès des plus riches. Nous pouvons prendre conscience que la recherche de sobriété est un geste de solidarité avec les populations les plus précaires de l’humanité.

 

Un défi social, fraternel et spirituel

Autour de nous, bien des familles vivent dans une précarité économique et doivent faire très attention pour boucler les fins de mois. L'augmentation des dépenses liées au chauffage risque de devenir pour elles un grave problème. Dans notre diocèse, beaucoup de communautés religieuses ont choisi de vivre la sobriété depuis longtemps et en toutes saisons. Nous pouvons les rejoindre dans leurs efforts et dans leur témoignage. Partager nos efforts de sobriété peut ainsi être un acte de communion fraternelle avec ceux et celles qui la subissent comme avec ceux et celles qui l'ont choisie dans leur recherche de Dieu. Ce peut même être un chemin spirituel où notre liberté peut se déployer, un appel à discerner ce qui est essentiel. Que devons-nous privilégier dans nos modes de vie ? Dans nos comportements ? Dans ce qui occupe nos esprits ? Dans notre vie spirituelle ? Une sobriété réfléchie et choisie peut être source de joie ! Elle peut devenir une opportunité fraternelle.

En ce temps de l'Avent, ce temps de l'attente de l'Avènement, je vous souhaite de tout cœur : Joyeuse sobriété fraternelle ! Joyeux Noël !

Père Bernard Sulpis

 Nota bene

Vous pourriez aussi engager un dialogue avec l’Équipe d'animation de la paroisse et moi-même à partir des questions suivantes. Ces pistes de réflexion vous paraissent-elles suffisantes ? Auriez-vous d'autres propositions de sobriété ? Quels gestes de solidarité concrets oserons-nous poser au sein de notre communauté paroissiale pour tendre la main aux plus démunis, aux plus isolés, pour vivre plus proches les uns des autres ?                B.S

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Semeurs de vie

Semer est un acte de confiance. Confiance dans la terre et confiance dans la semence. Le semeur se fie à la terre qu'il a préparée et à qui il confie sa semence, qu'il a choisie avec soin. Son geste comporte des risques qu'il assume sans naïveté mais avec réalisme. Il y a des aléas ! La parabole de l'évangile (Marc 4 ou Mathieu 13) les désigne de manière imagée : cailloux, épines, brûlure du soleil... Mais la confiance est plus forte !
Jésus est ce « semeur sorti pour semer » et « rapporter trente, soixante, cent pour un »... « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende » cette confiance que Jésus voudrait partager ! Il en est de même dans nos vies, dans la vie du monde, dans la vie de l’Église. Allons-nous entendre et accueillir toute la confiance qui nous est faite ? De la part des uns et des autres ? De la part du Créateur qui nous confie cette terre ? De la part du Christ pour son Église et chacun de ses membres, chaque baptisé ? Allons-nous aussi oser donner notre confiance ?
Certes, les événements du monde (conflits, révélations...) nous bouleversent et nous poussent à la réticence. Les phénomènes climatiques violents, la sécheresse, les incendies de forêts... nous interrogent : allons-nous réagir ? Prendre vraiment nos responsabilités ? Que voulons-nous semer ? L’intérêt égoïste à court terme ? La vie pour tous ?
Des signes d’espérance
Je me réjouis de relever dans l'actualité, en plus des belles solidarités toujours présentes, quelques faits porteurs de semences d'espérance et de vie. Des jeunes sont rassemblés à Taizé sur le thème de la sauvegarde de la biodiversité. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, de passage à Taizé, a parlé de paix, de solidarité et surtout d'écologie, sans cacher son engagement chrétien et sa foi, qui la soutient : « Dieu est toujours près de moi. Quand je suis submergée par tous les problèmes, je me rappelle qu'on ne peut pas tomber hors des mains de Dieu. Cela me donne beaucoup de force... Un jour je devrais rendre des comptes. Cela façonne mes décisions.— Le monde nous a été confié. »
 
Après la première phase du synode, la parole donnée à tous, les évêques ont fait remonter à Rome les synthèses des échanges. Quelques espérances que j'ai relevées : que la synodalité devienne le style ordinaire de la vie de l’Église. Que les communautés apprennent à marcher au pas des plus petits et des plus pauvres. Que la diversité ou la complémentarité des missions, charismes et dons soit source de joie plutôt que de concurrence ou de jalousie.
Les réformes du pape François
Le pape François a créé vingt nouveaux cardinaux, en continuant à accentuer le profil très international et à choisir des hommes de terrain venus pour certains des plus lointaines périphéries. Les 29 et 30 août les cardinaux ont étudié la nouvelle constitution de la Curie romaine, qui élargit le rôle de la curie au service de l’Église et du monde, et pas seulement du pape. Elle acte la création d'un dicastère pour l'évangélisation placé en position prééminente et devenu plus important que celui de la doctrine de la foi. Elle ouvre aussi la possibilité pour des laïcs, hommes et femmes, d'exercer de hautes responsabilités à la curie, et limite les mandats des prêtres et religieux en poste au Vatican. Cela rejoint d'autres décisions de cet été : la nomination de trois femmes dans la commission chargée de choisir les évêques, une centralisation des investissements pour un meilleur contrôle, une réflexion sur les ministères laïcs... Tous ces changements révèlent bien la volonté du pape de réformer les structures de l’Église pour mieux les adapter au monde moderne, mais aussi pour les remettre à leur juste place, au service de la mission de l’Église, l'annonce de l’Évangile.
Les diverses propositions diocésaines signalées dans les annonces sont peut-être une goutte d'eau mais elles peuvent contribuer à cette semence de vie et d'espérance auprès des agriculteurs et des ruraux, des jeunes collégiens et lycéens, des personnes porteuses d'un handicap, des veufs et des veuves, des artisans de paix, d'humanité et de prière (nous ?)...
Et vous, qu'avez-vous envie de semer ?

Bernard Sulpis
curé de la paroisse de la Nativité

 

Notre moment présent

Au cours de cette année scolaire, nous avons été bousculés par plusieurs événements qui se sont succédé sans nous laisser de répit. Je me sens poussé à les relire pour essayer de prendre un peu de recul et de respiration.
La pandémie du virus ne nous a pas lâchés durant cette deuxième année malgré notre attente d’un retour à la normale. Nous pouvons espérer qu'elle s'atténue. L'humanité a ainsi touché sa solidarité et son génie, dans la fabrication de vaccins par exemple, mais aussi ses limites. Elle a été mise devant l'inanité du rêve ou de l'illusion de la toute-puissance qui habite le fond de l'homme et devant ses défis fraternel et écologique. Nous avons à écouter « la clameur de la terre et des pauvres » !
Le nouveau synode lancé par le pape François est venu comme une source attendue de renouvellement et d'espérance. Le pape François a été élu en 2013 dans cette perspective de renaissance, et il n'a cessé depuis de poser des jalons pour œuvrer patiemment mais résolument dans cette direction. Après les synodes sur l'amour humain, la jeunesse, l'Amazonie... il veut maintenant renouveler la manière même de chercher, réfléchir et travailler en Église : ensemble, tous à l'écoute de l'Esprit Saint, dans notre diversité et notre fraternité baptismale.
En France, la publication du rapport de la CIASE, demandé par les évêques de France, est venue brutalement mettre l’Église devant sa réalité et rejoindre les appels à la conversion lancés de manière répétée par le pape François, en particulier dans sa Lettre au Peuple de Dieu d'août 2019, dans laquelle il dénonçait fortement le cléricalisme qui traverse l'Église, cette manière faussée de concevoir l'autorité et les relations entre baptisés, avec toutes ses conséquences perverses.
L'invasion de l'Ukraine par l'armée du président Poutine vient aussi tout bousculer: en particulier l'Europe sur ses bases, mais aussi l’ensemble des relations internationales. Là encore nous sommes devant les défis de la toute-puissance et du chacun pour soi, ou de la fraternité et de la recherche du bien commun.
En tous ces lieux nous sommes ramenés, parfois brutalement, à notre réalité de créatures sur cette terre qui nous est confiée gracieusement par Dieu, et dont nous ne pouvons pas être les maîtres tout-puissants. Nous avons d'abord à nous recevoir de notre Créateur et, dans une attitude pleine de gratitude, à prendre conscience que nous ne sommes pas seuls, mais membres d'une humanité et même plus largement d'une multitude d'êtres créés avec qui nous sommes interdépendants et liés. C'est donc avec responsabilité, humilité et confiance que nous avons à relever les différents défis qui sont devant nous. C'est d'abord une conversion spirituelle à laquelle nous sommes appelés.

Bernard Sulpis
curé de la paroisse de la Nativité

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Synode: vous avez la parole

 

Le pape François a ouvert début octobre un «sur la synodalité». Qu'est-ce que cela? Pour qui? Pourquoi? Que faut-il comprendre?
«’Église est convoquée en Synode: un temps d'écoute, de dialogue et de discernement que l’Église tout entière doit mener au cours de ces deux années afin de mieux répondre à sa mission d'annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier. C'est un événement important de l’Église locale et universelle, un événement qui concerne tous les chrétiens, fidèles laïcs, clercs et personnes consacrées.»

Pourquoi?
Le but est de donner la parole largement au Peuple de Dieu, et plus seulement aux évêques et aux cardinaux, quant à l'avenir de l’Église. À la suite de ses propos contre le «cléricalisme», le pape François veut mobiliser l’Église tout entière, de la plus petite des paroisses jusqu'au Vatican, pour repenser l'organisation et la vie au sein de l’Église.
Quels en sont les enjeux? Pourquoi s'y intéresser? Que peut-on en attendre? Pour le pape François qui a lancé cette initiative, c'est de manifester que l'on ne peut changer les structures de manière efficace sans transformer la manière de les vivre et de les habiter. Il ne faut pas construire une autre Église, il faut construire une Église différente. Une Église ouverte à la nouveauté que Dieu veut lui suggérer: voilà le défi. C'est participer à une mutation de l’Église pour qu'elle soit mieux au service d'une fraternité évangélique.
Comment?
Il s'agit de s'écouter et de dialoguer sur un sujet qui concerne toute l’Église, en espérant que cette expérience elle-même suscite un changement de comportement qui accompagne un changement de structure. La synodalité, en somme, c'est réapprendre à travailler ensemble et à se parler. Il s'agit de donner la parole à tous les baptisés, y compris ceux qui n'ont pas l'habitude de participer aux structures et aux débats d'Église. L'enjeu est de faire une place à la petite voix, à la voix marginale, parce que l'histoire de l'Église et la Bible nous apprennent qu'elle peut être prophétique, que ce n'est pas forcément la masse qui a raison. Dieu n'a pas choisi le monde de la grandeur et de la puissance, mais celui de la vulnérabilité et de la petitesse. Noël nous le rappelle. Comment rejoindre les baptisés dans des situations marginales, fragiles, vulnérables? Qu'il puisse se nouer des contacts parmi eux est important. Peut-être est-ce l'occasion de relancer des contacts qui se sont un peu éteints, ou de réinviter des équipes qui ont déjà participé à des démarches. Ce peut être fécond et dynamique.
Nous sommes donc dans l'étape de la parole donnée à tous. L'important c'est d'oser se rencontrer à quelques uns, d'échanger (avec l'aide ou pas des pistes ci-jointes page suivante) et si possible de faire remonter quelques fruits de l'échange, par écrit d'ici Pâques. La paroisse pourra transmettre au diocèse puis à Rome. N'hésitez pas à multiplier les petits groupes. 
 Puisse chaque baptisé prendre toute sa place dans ce synode, au service d'une Église «érente»! Bonnes rencontres!


Bernard Sulpis, curé de la paroisse de la Nativité

 

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Quel An nouveau ?

 

De quoi l’avenir sera-t-il fait ?

Le dérèglement climatique se fait sentir à travers des phénomènes climatiques plus violents et fréquents. Pour espérer un avenir vivable, il nous faut limiter l'augmentation moyenne de la température et donc réduire les émissions de CO2. Pour cela, les dirigeants du monde entier sont acculés ensemble à des décisions urgentes et radicales dont: sortir des énergies fossiles, mettre fin à l'exploitation des réserves de pétrole et de gaz, stopper la déforestation. Nos dirigeants ont de graves responsabilités mais chacun de nous, à notre échelle, avons aussi notre part et devons agir dans les actes quotidiens, en cherchant en particulier une «été heureuse».

Notre responsabilité écologique

Le surgissement de la pandémie n'est pas un hasard. Les atteintes à la biodiversité sont une cause importante, avec une responsabilité humaine. On peut louer les solidarités déployées face au fléau, mais aussi déplorer les inégalités criantes entre les pays selon leurs moyens. Nous devons entendre en même temps «clameur de la terre et la clameur des pauvres», les pauvres étant les premières victimes des conséquences de la pandémie ou des dérèglements climatiques. La sauvegarde de notre «commune» est l'affaire de tous et ne se fera qu’ensemble. Notre foi nous presse à rendre compte devant Dieu de notre attitude et de nos engagements.

L’Église de France bousculée

Dans notre Église aussi il y a des dérèglements, et le pape François en particulier dans sa Lettre au peuple de Dieu d’août 2018 dénonçait les abus de divers sortes (abus de pouvoir, de conscience, sexuels) et une culture imprégnée de cléricalisme, héritage de l'histoire, conduisant parfois à un exercice pervers de l'autorité et à ces abus. Les évêques de France ont jugé important de lancer une grande opération vérité en confiant à Jean-Marc Sauvé le soin de constituer une commission indépendante pour enquêter sur 70d’abus. Ils avaient demandé, dans leur cahier des charges, de recenser et d’analyser les abus depuis 1950, d’évaluer les décisions et mesures prises depuis l'an 2000, enfin de proposer des recommandations. Le résultat est rude et exigeant, il bouscule et fait mal par son ampleur. Il renvoie l’Église à sa responsabilité et à l'attente très forte à son égard étant donné son rôle spirituel.

Quelques jours après la publication de ce rapport, le pape François lançait le synode «une Église synodale», démarche en rapport avec beaucoup des dérives repérées. Le synode nous appelle à redécouvrir le visage et la forme d'une Église où chacun a quelque chose à apprendre, chacun à l'écoute des autres (peuple des fidèles, collège épiscopal, évêque de Rome) et tous à l'écoute de l'Esprit Saint et de la Parole de Dieu. Une Église en marche ensemble, dans la diversité des baptisés et l'unité d'une même foi au Christ ressuscité. Nécessité donc de dialoguer au sein de l’Église peuple de Dieu, mais aussi de se mettre à l'écoute d'un monde fracturé, en souffrance.

Cheminer ensemble

Le synode pose la question de fond: Comment se réalise aujourd'hui, à différents niveaux, ce «ensemble» qui permet à l’Église d'annoncer l’Évangile, et quels pas de plus l'Esprit nous invite-t-il à poser pour grandir comme Église synodale? Partageons ces questions autour de nous...

Avec Laudato Si, Fratelli tutti ou le synode actuel, nous avons les moyens de réfléchir ensemble en profondeur et d'apporter notre part à une régénération de l'Église et de notre monde. Souhaitons-nous être des spectateurs et commentateurs blasés ou des membres vivants de l'Église et de la société? La réponse est en chacun, en dialogue avec le Seigneur et avec nos frères et sœurs en Jésus-Christ.

 

Bernard Sulpis, curé de la paroisse de la Nativité

Décembre 2021

Bénévolat – en Église

Appelés et envoyés.

             Des chrétiens font du bénévolat. Par exemple ils visitent de leur propre initiative des personnes dans le besoin ou ils participent à une œuvre caritative. Ils le font par générosité et don de soi, habités et animés par leur foi chrétienne, et même ils s’engagent explicitement au nom de leur foi et du Christ.
Beaucoup font ce bénévolat par générosité et don de soi certes mais aussi appelés et envoyés au service non pas du curé, mais avec lui au service de l’Église, de la communauté, de la paroisse ou plutôt des paroissiens et de tous. Voici par exemple quelques services :
Balayer, fleurir, entretenir, ouvrir et fermer l’église chaque jour, mettre le chauffage, préparer les offices, mettre en place, ranger... Assurer quelques services de couture ou de bricolage.
Assurer des permanences, accueillir, renseigner, inscrire, préparer les registres, remplir des tâches de secrétariat ou de comptabilité.
Accueillir des parents et préparer au baptême, permettre une rencontre entre chrétiens où se vit quelque chose de l’Église, et pas seulement une « prestation » religieuse.
Accueillir des fiancés, susciter une rencontre en vérité, les aider à approfondir leur engagement de vie et sa dimension sociale et ecclésiale.
Accueillir les familles en deuil, vivre la compassion fraternelle, préparer la célébration, aider à son déroulement, soutenir par sa présence et sa prière.
Préparer la liturgie, la prière universelle, et ce faisant se rencontrer entre chrétiens, s'aider à comprendre et à accueillir les lectures bibliques du dimanche et à vivre sa vie chrétienne.
Aider la communauté paroissiale à prier et célébrer dans la beauté en mettant ses dons au service de tous et du Seigneur, en animant les chants ou en accompagnant musicalement.
Donner de son temps et partager sa foi auprès des enfants ou des jeunes dans la catéchèse, l'aumônerie ou l'éveil à la foi.
Donner de son temps et sa générosité, témoigner l'amour du Christ en visitant à domicile au nom de la paroisse des personnes âgées, malades ou isolées (Service évangélique des malades) ou en faisant partie de l'équipe d'aumônerie mandatée pour visiter les personnes en Ehpad, ou en servant la charité comme chrétiens dans l'équipe du secours catholique. Se donner dans l'écriture, la gestion, la distribution de notre journal paroissial… Etc.
Voilà quelques engagements au service de tous que l'on peut faire non seulement par générosité et don de soi, mais en étant appelé et envoyé par un responsable ou par le curé lui-même, ou reconnu par lui. Ainsi ce service n'est pas un simple volontariat de sa propre initiative, mais devient un acte d’Église, un service non seulement pour l’Église mais au nom de l’Église. On devient en quelque sorte apôtre, messager du Christ et de son Église, « disciple missionnaire », membre actif du Corps du Christ, mettant en œuvre la mission reçue au baptême.
Je souhaite de tout cœur que vous puissiez vivre à cette hauteur ou à cette profondeur votre générosité et vos engagements de baptisés. Et ceux ou celles qui entendraient un appel ou un désir à servir un peu plus, n'hésitez pas à en faire part à votre curé ! Que nous puissions ensemble discerner et trouver des réponses.
Fraternellement vôtre ensemble à la suite du Christ.
                                                                                  Père Bernard Sulpis

Foi et fraternité

En ce temps où notre société est marquée par beaucoup de craintes et de peurs, d'amalgames et de confusions, en particulier vis-à-vis de la dimension religieuse, je vous offre ces quelques lignes du pape François, dans Tous Frères, qui peuvent apporter ouverture et paix.

Bernard Sulpis, curé de la paroisse

 

 

274. À la faveur de notre expérience de foi et de la sagesse accumulée au cours des siècles, en apprenant aussi de nos nombreuses faiblesses et chutes, nous savons, nous croyants des religions différentes, que rendre Dieu présent est un bien pour nos sociétés. Chercher Dieu d’un cœur sincère, à condition de ne pas l’utiliser à nos intérêts idéologiques ou d’ordre pratique, nous aide à nous reconnaître comme des compagnons de route, vraiment frères. Nous croyons que lorsqu’au nom d’une idéologie, on veut expulser Dieu de la société, on finit par adorer des idoles, et bien vite aussi l’homme s’égare lui-même, sa dignité est piétinée, ses droits violés. Vous savez bien à quelles brutalités peut conduire la privation de la liberté de conscience et de la liberté religieuse, et comment à partir de ces blessures se forme une humanité radicalement appauvrie, parce que privée d’espérance et de référence à des idéaux.

275. Il faut reconnaître que parmi les causes les plus importantes de la crise du monde moderne se trouvent une conscience humaine anesthésiée et l’éloignement des valeurs religieuses, ainsi que la prépondérance de l’individualisme et des philosophies matérialistes qui divinisent l’homme et mettent les valeurs mondaines et matérielles à la place des principes suprêmes et transcendants. Il est inadmissible que, dans le débat public, seuls les puissants et les hommes ou femmes de science aient droit à la parole. Il doit y avoir de la place pour la réflexion qui procède d’un arrière-plan religieux, recueillant des siècles d’expérience et de sagesse. Les textes religieux classiques peuvent offrir une signification pour toutes les époques, et ont une force de motivation mais de fait ils sont dépréciés par l’étroitesse d’esprit des rationalismes.

276. C’est pour cela que, même si l’Église respecte l’autonomie de la politique, elle ne limite pas pour autant sa mission au domaine du privé. Au contraire, elle ne peut ni ne doit […] rester à l’écart dans la construction d’un monde meilleur, ni cesser de réveiller les forces spirituelles qui fécondent toute la vie sociale. Les ministres religieux ne doivent certes pas faire de la politique partisane, qui revient aux laïcs, mais ils ne peuvent pas non plus renoncer à la dimension politique de l’existence qui implique une constante attention au bien commun et le souci du développement humain intégral. L’Église a un rôle public qui ne se borne pas à ses activités d’assistance ou d’éducation, mais qui favorise la promotion de l’homme et de la fraternité universelle.

277. L’Église valorise l’action de Dieu dans les autres religions et ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui […] reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Mais nous, chrétiens, nous ne pouvons pas cacher que si la musique de l’Évangile cesse de vibrer dans nos entrailles, nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de la réconciliation qui trouve sa source dans le fait de se savoir toujours pardonnés et envoyés. [...] D’autres s’abreuvent à d’autres sources. Pour nous, cette source de dignité humaine et de fraternité se trouve dans l’Évangile de Jésus-Christ. C’est de là que surgit pour la pensée chrétienne et pour l’action de l’Église le primat donné à la relation, à la rencontre avec le mystère sacré de l’autre, à la communion universelle avec l’humanité tout entière comme vocation de tous.

 

Prière chrétienne œcuménique

Notre Dieu, Trinité d’amour, par la force communautaire de ton intimité divine fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel. Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus dans sa famille de Nazareth et dans la première communauté chrétienne.

Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’Évangile et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain, pour le voir crucifié dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde et ressuscité en tout frère qui se relève.

Viens, Esprit Saint, montre-nous ta beauté reflétée en tous les peuples de la terre, pour découvrir qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes. Amen !